Le prix Renaudot est allé au sulfureux Yann Moix, 45 ans, pour Naissance(Grasset), un ouvrage hors norme sur l'enfer des relations parents-enfant.
Comme le veut la tradition depuis 1914, c'est du restaurant parisien Drouant qu'ont été annoncés les noms des lauréats, dans l'effervescence médiatique. Connu dans le monde entier, le Goncourt reste le prix littéraire français le plus prestigieux, consécration suprême pour un auteur et jackpot pour le lauréat et son éditeur, avec 400.000 ventes à la clé pour le roman barré du célèbre bandeau rouge.
Les jurés du Goncourt qui ont accueilli Pierre Lemaitre avec des vivas, des applaudissements nourris et force embrassades, lui avaient néanmoins accordé leurs voix au douzième tour seulement.
Son éditeur Albin Michel n'avait pas reçu de Goncourt depuis 2003.
Au revoir là-haut est un roman époustouflant sur une génération perdue, les démobilisés de la Première Guerre mondiale, sacrifiés par une France exsangue après quatre ans d'horreur dans les tranchées. Plusieurs jurés défendaient aussi bec et ongles le formidable premier roman de Frédéric Verger, Arden (Gallimard).
En revanche, les jurés du Renaudot ont donné leurs voix dès le premier tour àNaissance de Yann Moix, un ouvrage monstre de près de 1.200 pages qui débute par la venue au monde de l'auteur sous les insultes de ses parents.
Le roman lauréat du Goncourt, prix créé en 1903 et qui est le plus ancien, génère en général des ventes de 300.000 à 400.000 exemplaires en moyenne, soit un chiffre d'affaires de six à huit millions d'euros. Auxquels peuvent s'ajouter des traductions et les formats de poche.